Arnaud Saint-Martin - NUPES
Nous remercions Arnaud Saint-Martin d’avoir accepté de nous rencontrer, de répondre à nos questions et de détailler certains points de son programme pour nous permettre d’en faire part à nos adhérents et sympathisants. Une militante de ses soutiens participait également à l’entretien. Deux personnes représentaient l’AFC de Melun, Hubert Fabre le président de l’association et un adhérent. Voici ci-dessous le résumé de nos échanges.
Arnaud Saint-Martin, 43 ans, est sociologue et éditeur. Après divers engagements associatifs, il s’engage en 2017 à la France Insoumise, est investi au niveau national dans les domaines des études supérieures, de la science et de la technologie et particulier dans les questions relatives à l’espace, l’astronomie étant l’une de ses passions. Il est élu au conseil municipal de Melun (opposition) depuis 2020. Sa candidature aux élections législatives arrive naturellement comme le prolongement de ces engagements. Il se dit prêt à mettre sa carrière professionnelle, bien que celle-ci le passionne, entre parenthèse le temps de son futur mandat.
Il précise défendre un programme national, fruit d’un consensus entre les partis de la NUPES (à l’élaboration duquel il a participé) et non exclusivement ses positions personnelles.
Nous avons pris quelques minutes pour présenter les AFC et l’AFC de Melun en particulier, ses engagements et ses actions. Nous espérons notamment l’avoir rassuré sur notre gestion du multi accueil Les Petits Bergers, qui fait partie intégrante de notre engagement au service du bien commun mais est géré de manière totalement indépendante de nos prises de positions politiques. Le multi accueil a son propre bureau de gestion et une gestion financière totalement indépendante de celle de l’AFC de telle manière que les subventions de la CAF ou de la mairie de Melun vont intégralement aux salaires des salariés et au matériel nécessaire pour s’occuper le mieux possible des enfants accueillis, aucunement vers une quelconque activité de promotion de la famille et de défense de la vie. Notre seul but ici est de rendre service aux familles de toutes origines, sans prosélytisme ni passe-droit.
Interrogé sur la loi de bioéthique votée lors du dernier quinquennat, il affirme soutenir la PMA pour toutes et être favorable à une poursuite de l’extension des droits LGBT, notamment en matière de filiation. Il défend à ce titre une conception élargie de la notion de famille. Il s’oppose en revanche à la GPA et à toute marchandisation du corps humain. A propos de la cession de gamètes, elle doit idéalement rester un don et ne pas être rémunérée. Les AFC resteront vigilantes sur ce point lors du prochain quinquennat, qui mettra la loi de bioéthique de 2021 à l’épreuve de la réalité de terrain (pénurie de gamètes).
Nous l’interrogeons ensuite sur la loi Gaillot de février 2022 (extension du délai légal de l’IVG à 14 semaines et autres mesures comme la suppression du délai obligatoire de réflexion). Il est favorable à l’extension du délai légal d’avortement. Pour lui, l’IVG est un droit fondamental, toute mesure allant dans le sens de permettre un meilleur accès à ce droit est à soutenir. Il ajoute, soutenu en cela par la militante qui l’accompagne dans cet entretien, que l’on n’a pas recours à l’IVG par plaisir, mais parce que l’on n’a pas le choix et qu’il est important de pouvoir y avoir recours en France en toute sécurité plutôt que de devoir le faire dans des conditions incertaines à l’étranger une fois dépassé le délai légal français. De plus, les traumatismes vécus par la mère au cours de la grossesse pouvant avoir des conséquences sur l’enfant, il vaut mieux selon lui une IVG qu’un enfant en souffrance. Nous lui redisons l’opposition des AFC à l’IVG, et insistons sur la possibilité qui doit être laissée à celles qui le souhaitent de pouvoir garder leur enfant en communiquant sur les possibilités d’aides aux futures mères en détresse qui existent mais sont trop peu connues et en prévoyant des solutions d’urgence pour futures mères en grande difficulté immédiate.
Alors que le temps passe et que nous lui demandons s’il a des sujets dont il voudrait particulièrement nous entretenir pour les faire connaitre à nos lecteurs, le candidat Arnaud Saint-Martin interpelle sur l’urgence sociale, et s’étonne que ce thème, ainsi que l’urgence écologique, soient si peu abordés dans le questionnaire des AFC. Il déplore l’utilisation trop fréquente du terme de « pouvoir d’achat » dans la campagne, qui réduit les individus à des consommateurs. Il raconte les situations dramatiques dont il est témoin lorsqu’il va à la rencontre des Melunais les plus modestes, lors de tractages ou de porte à porte, notamment les conditions de vies très difficiles dans des logements insalubres. Il prône pour cela des mesures ambitieuses, dont l’intégralité peut être retrouvée dans le programme de la NUPES, incluant blocage des prix, revalorisation salariale et allocation autonomie tout au long de la vie (de 1063€). Pour lutter contre les trafics qui plombent certains quartiers, notamment à Melun, il pense qu’il faut ouvrir le débat de la légalisation du cannabis.
A propos d’écologie, nous échangeons sur les difficultés rencontrées par les familles face à certaines mesures à but écologique (achat de voitures moins polluantes, tri des déchets, pistes cyclables pour les enfants), il se dit conscient de ces difficultés et dénonce même certaines mesures prises en dépit du bon sens (voitures électriques fabriquées en Chine etc) ou à l’efficacité parfois douteuse. Il estime que ce n’est pas à ce niveau que se trouve la réelle réponse à l’urgence écologique et que ce n’est pas par des mesures ou efforts individuels tout en restant dans un modèle de société consumériste que de réels progrès pourront être faits. Il dénonce notamment l’obsolescence programmée de nombreux produits, qui a pour but de faire fonctionner la machine économique, mais est un désastre écologique. Il estime que le modèle économique doit être complètement revu et, vu le niveau de consumérisme atteint, qu’une certaine décroissance doit être envisagée.
Interrogé sur la gestion de la crise Covid, qui a été source de grandes souffrances pour les familles, il affirme avoir été scandalisé par la gestion autoritaire et opaque de la crise, qui a naturellement engendré frustration et méfiance. La gestion a notamment été désastreuse dans les écoles engendrant un stress supplémentaire pour les familles et le corps enseignant.
A propos de la loi sur le « séparatisme » sur laquelle le programme de NUPES propose de revenir, les réponses apportées ne sont pas les bonnes selon le candidat Arnaud Saint-Martin et la méthode encore une fois pas au rendez-vous. Nous évoquons notamment la charte républicaine pour les associations, qui n’a pour lui aucun sens et conduit à des situations ubuesques (vote des subventions à des associations parfaitement anodines en conseil municipal par exemple).
Nous avons souhaité l’interroger plus particulièrement sur l’article de la loi qui concerne l’instruction en famille. Il estime que l’Etat doit rester vigilant à propos des enfants instruits à domicile car il a des retours de situations où celle-ci n’est pas faite dans de bonnes conditions, ce dont témoigne la militante qui participe avec lui à l’entretien, une directrice d’école, qui affirme que certains enfants ayant suivi l’instruction en famille arrivent dans son école avec un niveau insuffisant et des notions fondamentales faisant défaut. Il prône pour cela des contrôles renforcés. L’école jouant un rôle social important, il estime que c’est la solution à privilégier dans la plupart des cas. Il n’a pas souhaité exprimer de préférence pour l’ancien régime de déclaration, remplacé par un système d’autorisation (les familles doivent demander l’autorisation et non plus simplement déclarer comme avant).
Nous changeons de sujet pour l’interroger sur la fin de vie et plus particulièrement l’euthanasie, qui figure dans le programme du président de la république et dans celui de la NUPES et sera vraisemblablement proposée au vote des députés. Les détails médicaux, d’encadrement et de responsabilité étant difficiles à aborder pour des non spécialistes, il nous renvoie à la proposition de loi faite par Caroline FIAT (députée LFI), qu’il soutient.
Parmi les autres sujets abordés, nous avons parlé de lutte contre la pornographie. Il estime logiquement qu’il est nécessaire d’en préserver les enfants. Il insiste à ce propos sur la nécessité de vigilance des parents quant à l’utilisation des écrans par leurs enfants. Ce sujet nous amène alors à parler des écrans de manière plus générale, cette même directrice d’école nous dit constater les dégâts de l’usage trop précoce des écrans et rappelle qu’ils ne devraient pas être accessibles aux enfants de moins de 3 ans. Le candidat Arnaud Saint-Martin se dit particulièrement sensible et attentif à ce sujet ainsi qu’à celui de la pollution lumineuse générée par ce trop nombreux écrans (mais pas seulement !), en témoigne le livre dont il est co-auteur « Les dossiers de l’écran » paru en 2020 aux éditions du croquant.