Aude Luquet - Ensemble !

Entretien avec Aude Luquet, députée et candidate Ensemble ! pour la 1ère circonscription de Seine-et-Marne

L’entretien s’est déroulé dans une ambiance neutre avec Mme la députée. Nous étions deux avec Mme Luquet, le président de l'AFC de Melun Hubert Fabre et un adhérent de l’association. Nous avions un délai horaire assez contraint de 50 minutes. Merci à Madame Luquet d’avoir pris le temps d’échanger avec nous, en cette fin de campagne chargée.

Nous avons commencé par une présentation de Mme Luquet. Melunaise depuis quatre générations, cette femme de 54 ans a un enfant qu’elle élève seule. Elle a toujours travaillé pour des collectivités territoriales, et s’engage en politique en 1996 aux côtés de François Bayrou au sein du Mouvement Démocrate (MODEM).

Maire adjointe du Mée sur Seine de 2001 à 2008 puis conseillère municipale de Melun de 2008 à 2014 – également conseillère régionale de 2008 à 2010 – elle est élue en 2017 députée de la première circonscription de Seine-et-Marne. Elle siège à la commission développement durable et aménagement du territoire de l’Assemblée Nationale, où elle est amenée à travailler de manière régulière avec Mme Elisabeth Borne. Elle œuvre également, entre autres, sur des questions de sécurité avec la loi Rodéos (question sur laquelle elle avait interpellé le ministre de l’intérieur Gérard Collomb) et sur la loi de changement du nom d’usage dont elle est porte-parole.

Elle fait partie du groupe parlementaire Mouvement Démocrate et apparentés.

Malgré un premier mandat dans un contexte difficile (gilets jaunes, crise covid, guerre en Ukraine), elle souhaite se représenter afin d’être utile et efficace pour ses concitoyens : son but est d’être le porte-voix des habitants de sa circonscription pour répondre concrètement à leurs revendications de l’écriture de la loi ou sa modification. Elle ne cache pas apprécier le travail de députée et y prendre du plaisir. Elle souhaite pouvoir poursuivre les chantiers lancés, dans la continuité de son premier mandat, et continuer à mettre en œuvre le programme proposé par Emmanuel Macron qu’elle soutient.

Elle estime qu’une bonne connaissance de la circonscription, de ses administrés, et des rouages des fonctionnements administratifs et financiers des collectivités est essentielle.

Elle assume de passer un temps important en circonscription, en complément du temps passé sur les bancs de l’Assemblée, car elle estime que le travail législatif se nourrit des remontées et idées venues du terrain et que les projets de loi ensuite élaborés dans les commissions de l’Assemblée doivent à leur tour être confrontés en circonscription à l’avis et au bon sens de citoyens (dans une sorte de va-et-vient entre l’assemblée et les citoyens).

ECOLOGIE

Son souhait est de continuer à faire partie de la commission développement durable et aménagement du territoire afin d’apporter rapidement des réponses législatives aux défis climatiques et écologiques. Elle se réjouit que la transition écologique soit désormais du ressort du premier ministre (Mme Borne qu’elle connaît bien), en particulier car cela impliquera un traitement interministériel de cette problématique qui touche à beaucoup de domaines différents.

Nous lui demandons alors comment elle compte faire pour que les mesures prises en terme d’écologie ne soient pas pénalisantes pour les familles qui ont des besoins spécifiques, quel que soit leur degré de conscience écologique (grands véhicules, volume de déchets plus importants etc).

À son sens, la transition écologique ne sera possible que si elle est adaptée au local, et c’est tout l’objet de la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration, simplification). Il faut que les directives données par la loi soient traduites en actions concrètes adaptées au territoire et aux familles qui le peuplent. Il faut également prioriser l’accompagnement des familles et des citoyens afin que la transition écologique ne soit non pas punitive mais pédagogique et incitative, ce qui est une priorité.

Parmi les questions qui doivent être réglées en concertation avec les citoyens et les collectivités en prenant en compte les spécificités locales, on retrouve par exemple la collecte des déchets et les zones à faibles émissions.

Cette « politique du quotidien » s’articule avec une politique nationale elle aussi nécessaire, notamment dans les domaines de l’énergie et des grandes infrastructures (objectifs de sortie des énergies fossiles en 2040 et de décarbonation en 2050).

Sur le volet écologique, elle souhaite mettre en avant les progrès faits en terme de généralisation du bio et des circuits courts dans les cantines scolaires et avance quelques mesures du programme d’Ensemble ! telles que la location de voitures électriques à partir de 100€/mois ou le retrait des plastiques jetables dans la restauration.

Interrogée sur l’ « urgence » climatique, elle précise qu’il faut agir vite mais sans précipitation en prenant le temps d’évaluer les lois déjà en place et insiste sur la responsabilisation de chacun. Pas d’ « état d’urgence » en vue pour elle, terme dont elle précise qu’il peut avoir de multiples nuances et préfère donc l’utiliser avec prudence.

FAMILLE DURABLE

Nous tentons l’humour pour notre transition avec un autre aspect de l’écologie intégrale chrétienne, à savoir la durabilité du couple et de la famille afin de donner à l’enfant un environnement stable et protecteur où il pourra grandir et s’épanouir.

Les propositions des AFC pour la famille durable ne lui semblent pas pertinentes (préparation au mariage civil, aide aux couples en phase de séparation…) parce que les fondamentaux de vie en couple et plus largement en société s’apprennent d’abord en famille et via l’éducation.

EDUCATION

La transition se fait alors naturellement vers le thème de l’éducation. Le libre choix d’éducation étant un thème cher aux AFC (conformément à la Doctrine Sociale de l’Eglise), nous abordons tout de suite la question récente de l’instruction en famille. En faveur de la pluralité des enseignements (elle reconnaît le bon travail fait par les écoles privées), Mme la députée reconnaît ne pas avoir d’avis tranché sur la question de l’IEF. Interpellée par des personnes pratiquant ce type d’instruction et des collectifs au moment du passage de la loi, elle reconnaît certains avantages de cette méthode (meilleur respect du rythme de l’enfant, plus de possibilités d’activités culturelles) et souhaite que cette pratique reste possible. Elle souhaite une évaluation des difficultés réelles causées par cette loi aux familles parties prenantes – et non concernées par le séparatisme – et se dit prête si le besoin s’en fait sentir à solliciter une révision de cet article de la loi sur le séparatisme auprès des ministres concernés.

Nous lui exposons par ailleurs la proposition des AFC de mise en place d’un chèque éducation, mais elle estime que les moyens doivent plutôt être axés en priorité sur l’école publique qui en a davantage besoin.

SUJETS SOCIÉTAUX

Déjà interrogée lors de précédentes rencontres sur les sujets sociétaux, nous ne nous y attardons pas. Aude Luquet est favorable à la loi bioéthique qu’elle a voté, dont la PMA pour toutes. Elle estime que cette loi doit entrer dans une phase d’évaluation (accroissement ou non du nombre de PMA, pour des couples ou des femmes seules, etc) qui doit nous interroger sur la modification des comportements individuels et mesurer la pertinence de la réponse apportée aux demandes sociétales.

Elle n’est pas favorable à la GPA.

Concernant la loi Gaillot, elle n’a pas d’avis particulier et estime qu’il n’y avait peut-être pas urgence à allonger le délai légal de l’IVG, raison pour laquelle elle a préféré ne pas prendre part au vote.

Concernant la fin de vie, elle estime que la loi Léonetti aujourd’hui en vigueur est inégalement appliquée et estime que le dialogue entre les patients, leurs familles et les soignants, qui est censé être au cœur de la loi, est bien souvent absent dans les faits. Elle estime qu’il peut être préférable « d’aider » à mourir que de « laisser » mourir dans une agonie interminable.

POLITIQUE FAMILIALE

Alors que nous nous levons pour nous séparer, nous l’interrogeons in extremis sur la politique familiale. Elle dit vouloir axer la politique familiale prioritairement vers les familles monoparentales qui sont les plus nécessiteuses, en proposant d’avantage d’aides à la garde d’enfants notamment.

Concernant la proposition des AFC de valorisation du travail des mères au foyer (salaire et/ou retraite), elle regrette de ne pas avoir le temps d’étayer son propos qui peut donc paraître abrupt, à savoir qu’elle n’y est pas favorable dans la mesure où il s’agit après tout de leur choix personnel.

Conclusion :

Plus qu’une vision précise de la société et de la famille qui se déclinerait en mesures de terrain, la députée et candidate à sa réélection Aude Luquet défend une approche consensuelle des sujets de société et un modèle plus collaboratif où, dans une navette permanente entre le terrain et le parlement, les orientations et l’agenda sont guidés principalement par les attentes des citoyens. Au sujet de l’écologie néanmoins, elle estime qu’une planification avec un fil directeur est nécessaire, pour permettre d’agir efficacement vers une transition écologique rapide, sans pour autant arrêter d’échanger avec les citoyens, sur la responsabilité desquels elle compte, et en s’appuyant sur les collectivités locales pour adapter les mesures aux spécificités locales.

Elle se dit prête à nous rencontrer régulièrement au cours de son mandat pour pouvoir prendre plus de temps pour approfondir les sujets et augmenter cette remontée des revendications de terrain qu’elle appelle de ses vœux.